Oblitération de fortune ?

Bonjour,

Comment peut-on expliquer l'utilisation du cachet de la mairie de Villejuif (ci-dessous) à titre de cachet oblitérant ? Le courrier est daté de juillet 1940, s'agit-il d'une oblitération de fortune ? Pour celles que j'ai pu voir dans l'article de M. Brabant sur le département du Nord en 1940 (in Les Feuilles marcophiles, n° 222, 1980), elles sont très différentes de celle-ci.



À titre exceptionnel, j'ai anonymé la carte en cachant le nom de l'expéditrice et du destinataire. Le courrier est déchirant. La jeune femme écrit le 20 juillet 1940 à son fiancé, âgé de 24 ans, soldat dans une unité d'artillerie. Elle en attend "impatiemment" des nouvelles dont elle est privée "depuis le début de juin". Elle tente de s'extraire de son morne quotidien en se projetant dans un avenir radieux : "demande [à ton père] si on peut se marier et dépêche toi de faire les démarches. Il ne peut plus te refuser ça maintenant."



Le fiancé ne répondra pas : il est mort à l’hôpital de Sens le 9 juin, des suites de ses blessures (1).

L'expéditrice adresse son courrier à un centre de regroupement des isolés de l'artillerie où elle espère retrouver son fiancé. Sa carte a dû lui être retournée. Je ne comprends pas pourquoi elle ne porte aucune marque de retour.

Le courrier n'est certes pas très beau. Il est taché, chiffonné sur sa partie gauche comme si quelqu'un l'avait tenu nerveusement. Marcorse montrait récemment une pièce sur le forum en commentant "C'est vrai qu'elle est moche... mais elle a un vécu ! (2) Cette remarque vaut pour le courrier que j'ai présenté ici, qui est chargé d’émotion. Il est sur mon bureau, il pèse une tonne.

Laurent

1. Source : http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/
2. https://actl.forumgratuit.org/t1285-des-gouts-et-des-couleurs

Un drame humain parmi des millions durant cette bien triste période... Beaucoup de courrier de la fin 1940 traduisent l'angoisse de ne pas avoir de nouvelles, la joie d'apprendre que des proches sont en vie, l'inquiétude pour les prisonniers puis l'espoir (bien vain) de les voir revenir rapidement, la tristesse pour les nombreux disparus...

Difficile d'expliquer l'oblitération et l'absence de marque de retour... Mais il est vrai que durant cette période de juin 1940 on voit un peut tout en termes d'oblitération et d'acheminement du courrier!

Samuel

Bonjour,

Et pourquoi pas un transport non postal?

Laurent

Bonjour Laurent,

pourquoi pas, pour pallier à la désorganisation du transport postal...

Samuel

Bonjour,

Bonif a écrit:Et pourquoi pas un transport non postal?

Oui, c'est vrai, un peu comme cela a été évoqué pour le courrier belge de Bourdon :

https://actl.forumgratuit.org/t1265-les-marques-de-larmee-belge-repliee-en-france-mai-juin-1940?highlight=belge j'y ai pensé

Existe-t-il une bibliographie sur le sujet ?

Laurent